Les hommes du télégraphe Chappe de Montamisé

(site internet de Montamisé http://www.ville-montamise.fr)

Les employés que l’on nommaient stationnaires, au grade de 3° classe pour le poste de Montamisé, travaillaient selon le système de « l’alternat » : le premier stationnaire commençait son travail un quart d’heure avant le lever du soleil jusqu’à midi, l’autre après avoir pris ses consignes, œuvre jusqu’à un quart d’heure après le coucher du soleil et ce 365 jours par an.

Son travail est très physique : il doit lire le signal du poste amont avec l’aide de sa longue vue, le reproduire sur son manipulateur, sans erreur, et vérifier que le signal est bien transmis au poste aval...

Compte tenu des aléas de transmission, le temps de passage souhaitable est de 20 à 30 secondes par signal.

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Manipulateur du poste de St Marcan (35) photo JF Liandier
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Les « grands bras du télégraphe » de St Marcan (photo JF Liandier)

Un règlement intérieur draconien, des primes pour les agents méritants, des amendes ou exclusion pour les autres, tout cela pour un salaire faible : en février 1826, un stationnaire de 3° classe gagne 1,25 F par jour, soit 35 F pour 28 jours. L’inspecteur gagne 250 F pour le mois et le Directeur 375 F. En 1849 le même stationnaire gagnera 1,50 F par jour.

On comprend dans ces conditions que ce travail était considéré comme un travail d’appoint pour ces hommes issus du monde rural qui étaient aussi paysans en dehors de leurs heures au télégraphe.

Nos stationnaires nous sont assez bien connus grâce aux états nominatifs du dénombrement, mais ceux ci ne débutent qu’à partir de 1836. Une autre source d’informations nous est fournie par les états de paiement des traitements et journées des employés et stationnaires de la 3° division de Tours qui allait de Tours n°3 et n°4 à Montamisé.

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Etat de paiement de juillet 1826 (Archives départementale d’Indre et Loire) Photo JF Liandier

Année 1823

La population de la commune (dénombrement de 1821) est de 726 habitants et son maire (désigné par le préfet) est le baron Taveau de Morthemer.

Le premier stationnaire fut SECOUET Jean (D’après son acte de naissance, il est né le 28 pluviôse an 13 à Montamisé) (17 février 1805) (acte signé du maire Fradin), fils de Secouet Jean (cultivateur ) et de Rose marie, demeurant au village « d’Ansoulesse ».

Secouet père eut 6 autres enfants :
 Hilaire, né le 23 avril 1809 à Montamisé (probablement stationnaire du télégraphe en 1825 et 1826 sous l’appellation « Secouet jeune », en 1836 il est déclaré comme « garçon épicier ».
 Pierre, né le 4 juillet 1811 à Montamisé, en 1836 il est cultivateur à la ferme familiale (âge 25 ans).
 François lui aussi déclaré « cultivateur » en 1836 à la ferme familiale (âge 23 ans).
 Puis 3 filles :Justine (18 ans en 1836, célibataire), Honorine (15 ans en 1836), Alexandrine 11 ans en 1836).Cette famille a également en 1836 un domestique.

Les états de paiement de la 3°division de Tours nous donnent :

Année 1824

Les stationnaires sont SECOUET et GOUX

Année 1825

Les stationnaires sont : SECOUET et GOUX de janvier à mars puis d’avril à décembre SECOUET aîné et SECOUET jeune

Année 1826

Les stationnaires sont
 De janvier à mai : SECOUET aîné et SECOUET jeune
 De juin à septembre : MERLET et SECOUET jeune
 En octobre : BENIN et BERGE
 De novembre à décembre : MERLET et BERGE

Année 1828

Les stationnaires sont : MERLET Pierre et BENIN Jean

Année 1832

La population de la commune (dénombrement de 1831) est de 774 habitants et son maire Jean Baptiste Belliard (nommé par le préfet le 26/09/1830).

Les stationnaires sont : MERLET Pierre et DASNON François

Année 1836

La commune compte 846 habitants, son maire est Jean Baptiste Belliard 37 ans demeurant à « Mortier ».

« L ‘employé du télégraphe » est JARASSON Joseph célibataire 26 ans (né à Montamisé en 1810 ) fils de Jarasson André 57 ans cultivateur et de Rose Rose 44 ans. Ils ont deux autres enfants : Alexandre 24 ans célibataire et cultivateur à la ferme familiale, et Célestin 15 ans. Ils ont également une servante (Massé Jeannette 16 ans).

En 1841

La population de la commune est de 905 habitants et son maire Jean Baptiste Belliard

Les deux stationnaires sont JARASSON Joseph (habitant à « Ansoulesse » et RAVEAU François Alexandre (né à Beaumont le 9 juillet 1817)

En 1843

Les stationnaires sont toujours JARASSON Joseph et RAVEAU François Alexandre

En 1846

Les stationnaires ont changé :

 BUGEAN André « télégraphiste » 30 ans (né le 8 novembre 1816 à Beaumont, fils de Joseph Bugean, laboureur et de Jeanne Chauveau) marié à Simon marguerite (un fils de 5 ans, Henri)
 CHESNEAU Louis 25 ans « télégraphiste » célibataire demeurant à « Ansoulesse ». Celui ci vit à la ferme de Jarasson André ou il doit travailler en dehors de ses heures de service.

On notera les liens entre les familles Secouet et Jarasson puisqu’en 1846 on trouve Jarasson Alexandre 34 ans, cultivateur marié à Secouet Honorine 24 ans, ils ont un fils Xavier (14 mois).Ils vivent à la ferme de Jarasson père (68 ans) avec un domestique (Guyonnet Pierre 18 ans).

Année 1851

La population de la commune est de 977 habitants (dénombrement de 1851) et son maire est Jean Baptiste Belliard.

On retrouve BUGEAN André « télégraphiste » demeurant à « Sarzec », il sera en 1872, surveillant des lignes télégraphiques à Poitiers.

Le deuxième « télégraphiste » est CHESNEAU Louis 31 ans, célibataire, demeurant au hameau de « la Jourie ».

Celui ci continuera sa carrière au service de la télégraphie d’Algérie comme stationnaire de 2° classe. Le 5 novembre 1853 il obtenait un congé de convalescence de 3 mois après un séjour à l’hôpital militaire de Médéa (Algérie) pour se rendre à Collombier (arrondissement de Châtellerault), prolongé de 3 mois, n’ayant pas rejoint son poste, il fut déclaré comme démissionnaire pour longue absence.

Sources :
 Archives départementales de la Vienne : série 8Mp3
 Archives d’Indre et Loire : série 6P52.
 Registres d’état-civil (ADV)

Bibliographie :
 Sous la direction de Guy de St Denis « La Télégraphie Chappe » ouvrage collectif, 1993, publié sous l’égide de la FNARH.
 Voir également l’article de JF Liandier sur le télégraphe aérien Chappe de Montamisé.

Nota : Le télégraphe de St Marcan (35) se situe entre Dol de Bretagne et le Mont St Michel. Une visite guidée et une exposition vous feront découvrir le fonctionnement du télégraphe et comprendre la télégraphie. Ouverture de juin à septembre, du mercredi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 18h, (renseignements et réservations au 02 99 48 67 74). Le télégraphe de St Marcan était du même type que celui de Montamisé.

Article de Jean-François LIANDIER

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31 août 2005 - tous droits réservés